Dans son dossier thématique annuel « Le numérique en social-santé : inclusif ou excluant ? », l’équipe rédactionnelle de Bxl santé s’est attachée à décortiquer les avancées et les limites d’une telle numérisation de la société. 

Ce dossier s’articule en quatre chapitres, autour d’une grande interview avec des observateurs avertis et trois articles sur des sujets qui interrogent les changements apportés par la digitalisation. Le tout sur le territoire bruxellois, foisonnant en services et initiatives dans les secteurs social-santé.

Que ce soit dans le domaine de la médecine, mais aussi du secteur bancaire ou en matière d’enseignement, la dématérialisation des services induit des changements d’habitudes, de procédures, voire de paradigme. Pour explorer cette nouvelle donne, nous avons interrogé Alain Loute, maître de conférence au Centre d’éthique médicale de l’Université catholique de Lille, sur l’évolution de cette dématérialisation dans le domaine de la santé. 
 
Autre sujet crucial de cette digitalisation croissante : la fracture numérique que l’on pressentait avant la pandémie, mais qui s’avère bien plus répandue et creusant plus encore la fracture sociale. L’illectronisme est bien présent et, selon le Baromètre sur l’inclusion numérique 2020, publié par la Fondation Roi Baudouin, 40% de la population belge serait en situation de vulnérabilité à cet égard. Pour commenter les effets de cet illectronisme, éloignant certains publics de leurs droits, Périne Brotcorne, chercheuse au CIRTEF (Centre Interdisciplinaire de Recherche Travail Etat Société) à l’UCLouvain, s’interroge sur cette nouvelle norme sociale. Des pistes pour remédier aux carences sont également envisagées.
 
Autre sujet abordé : le fait de savoir si de plus en plus de pans de la société, comme la justice, la santé mentale ou la recherche d’informations, sont désormais régis par des algorithmes, ou le seront bientôt. Avec Thomas Berns, philosophe et professeur à l’ULB, nous avons abordé les notions de gouvernementalité algorithmique et de consentement significativement amoindri quant à la cession de nos données personnelles, avec pour conséquence une capacité de plus en plus faible de nous énoncer par nous-mêmes.
 
Enfin, les enjeux concernant les pratiques participatives via le numérique sont également explorés, au travers de différentes initiatives. Si la tendance actuelle est d’inciter la participation de la population aux nombreux domaines de l’action politique, que ce soit par les autorités publiques ou des initiatives citoyennes, les plateformes numériques sont-elles le médium approprié pour toucher le plus grand nombre ? Jean-Luc Manise, journaliste et directeur de la transformation digitale au CESEP (Centre Socialiste d’éducation permanente) se penche sur ce qui pourrait être un nouveau souffle pour la démocratie.

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