Par le Planning familial des Bouches-du-Rhône
Repères
Statut du projet : en cours de mise en œuvre
Échelle : quartiers prioritaires de la politique de la ville (centre-ville, Nord et Saint-Mauront Belle-de-Mai)
Thématiques traitées : compétences psycho-sociales ; santé mentale
Public visé : élèves et enseignants des écoles situées en réseau d’éducation prioritaire (REP)
Partenaires opérationnels : GIP Politique de la ville (ASV et PRE), ARS, Ville, Conseil départemental, Éducation nationale (rectorat et direction des services départementaux), équipes éducatives des écoles volontaires
Partenaires financiers : Ville (politique de la ville), ARS
Moyens affectés (ressources humaines) : volet opérationnel pris en charge par le Planning familial (2 coordinatrices du projet, 5 formatrices, une dizaine d’accompagnateurs à la mise en œuvre dans les classes et le soutien administratif ) + volet mobilisation inter-institutionnelle pris en charge par l’ASV (10 jours/an)
Contexte
Lors de leurs interventions en milieu scolaire, les conseillers du Planning familial des Bouches-du-Rhône constataient de nombreuses tensions filles/garçons. En parallèle, l’ASV du centre-ville de Marseille avait mandaté le Planning au début des années 2000 pour être tête de file d’un réseau d’éducation à la sexualité. Dans ce cadre, les constats ont pu être croisés et partagés : les acteurs du réseau (professionnels éducatifs, sociaux ou associatifs) ont relevé en particulier des difficultés liées à l’absence d’écoute, la difficulté de communiquer, l’indiscipline, une faible estime de soi, …
Le réseau a souhaité développer une action qui puisse prévenir ces comportements en intervenant dès le plus jeune âge. Le Planning familial expérimente, depuis 2005, l’implantation d’un programme québécois de développement des compétences psycho-sociales des enfants de 4 à 12 ans : le programme de développement affectif et social (ProDAS).
Objectifs
> Améliorer le climat scolaire en développant les compétence psycho-sociales dès le plus jeune âge
> Adapter un programme probant créé au Québec au contexte français
Description de l’action
Le ProDAS a été conçu dans les années 1980 par des chercheurs en psychopédagogie, psychologie clinique et sociale, et testé à grande échelle au Québec. Il a été évalué et a démontré son efficacité sur le développement des enfants, l’amélioration de l’estime de soi et la prévention de comportements à risques. Il s’agit d’une méthode éducative et préventive de développement de la personne, basée sur l’expression des ressentis. Il agit sur trois facteurs du développement socio-affectif : la conscience de soi, la réalisation de soi et l’interaction sociale.
Concrètement, le ProDAS se déroule dans le cadre de séances régulières. L’outil principal est le « cercle magique ».
Le déroulement du programme (issu de l’évaluation du Pôle de santé publique de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille)
L’intérêt de se tourner vers un programme probant est de réduire l’incertitude quant aux résultats et de limiter les besoins d’évaluation. Plusieurs conseillers du Planning ont été formés par une personne initialement formée au Québec à la mise en œuvre du ProDAS. Un guide pratique était également vendu (il n’est aujourd’hui plus édité).
Le Planning déploie le ProDAS dans des écoles en REP de Marseille. Des modifications ont dû être apportées pour l’expérimentation française du programme. Au Québec, les séances ont lieu une fois par jour pendant trente minutes, tout au long de l’année scolaire. Elles concernent les enfants de 4 à 12 ans. Les groupes sont constitués d’une douzaine d’enfants et encadrés par un animateur (rôle confié à l’enseignant). À Marseille, la fréquence des séances a été réduite à une fois par semaine, soit pendant trente minutes en demi-groupe ou bien pendant quarante-cinq minutes en classe entière. Les séances sont animées par l’enseignant, accompagné par un conseiller du Planning pendant les quinze premières séances.
Le Planning a construit une formation de cinq jours à destination des enseignants, à partir du programme québécois initial en l’adaptant aux contraintes des écoles françaises. Cette formation apporte un bagage théorique précis sur la gestion de la classe, la posture d’écoute bienveillante, la régulation du groupe, l’intelligence émotionnelle, la gestion des conflits et une expérimentation du cercle magique et de son animation.
La première année, après sollicitation de l’équipe politique de la ville, deux classes du centre-ville ont été pilotes : les enseignants, « militants », ont été formés sur leur temps libre. À partir de 2008, face au succès du ProDAS dans les premières écoles accompagnées, la direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN) a inscrit cinq jours de formation au plan académique de formation continue des enseignants. Cela a été une condition essentielle pour le développement du programme.
La demande d’une école doit être collective : même si tous les enseignants d’une école ne sont pas formés, la mise en œuvre du ProDAS doit être un projet d’établissement. En effet, la dynamique d’équipe est un facteur de réussite dans la mise en œuvre et la pérennisation du programme ; d’autant plus que les élèves doivent en bénéficier sur plusieurs années scolaires pour de meilleurs résultats.
Une évaluation réalisée par le Pôle de santé publique de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille (AP-HM) montre que même à « faible dose » (une séance par semaine), les résultats sont positifs par rapport à l’objectif initial. Une condition de réussite à la progression de tous les élèves est la régularité des séances sur plusieurs années scolaires, davantage que leur fréquence.
Résultats
> Plus de 50 classes ProDAS (dans 25 écoles REP de Marseille)
> 200 enseignants formés et accompagnés dans la mise en œuvre du ProDAS dans leur classe
> 1700 enfants concernés de 6 à 12 ans
> Pour les enfants ayant bénéficié du programme durant au moins deux années : meilleur rapport à leurs émotions, à l’école et à eux-mêmes (voir l’évaluation complète dans le récit d’expérience ci-dessous)
Perspectives
> Pour se développer à moyens constants, il est nécessaire d’aider à l’autonomisation rapide des enseignants formés, mais aussi de sensibiliser en amont les futurs enseignants (l’intégration du ProDAS à la formation initiale à l’École supérieure du professorat et de l’éducation Aix-Marseille est envisagée).
> Dans un objectif de pérennisation, l’ARS souhaite régionaliser le programme et évaluer sa transférabilité sur d’autres départements : le Planning familial est positionné comme un centre ressources pour des opérateurs départementaux (Planning familial du Vaucluse, Comité départemental d’éducation pour la santé des Alpes-Maritimes, …) et l’AP-HM mène une nouvelle étude sur les conditions de transférabilité du ProDAS.
Facteurs de réussite / Conseils pour reproduire ce projet
> Former les enseignants et les accompagner dans la mise en œuvre
> Inscrire la formation dans le plan académique de formation continue du département, idéalement l’inscrire dans la formation initiale des enseignants
> Inscrire le programme dans une dynamique et un projet d’école, porté par l’ensemble de l’équipe éducative
> Obtenir des soutiens institutionnels (ville, ARS, Éducation nationale)
Aller plus loin
> Récit d’expérience (publié par la PnrASV en novembre 2016)
Contact référent
Aurélie Tardy
Chargée du projet ProDAS
Planning familial des Bouches-du-Rhône
04 91 91 09 39
Complété le 7.11.2016