L’IRDES propose un schéma théorique pour l’analyse des effets sur la pauvreté de plusieurs mesures de santé de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté et du Ségur de la santé ; ainsi qu’une revue des expériences françaises et étrangères.
Dans ce schéma, la santé joue sur la pauvreté selon deux canaux de causalité. D’une part, l’amélioration de l’accessibilité financière des soins réduit les dépenses de santé susceptibles d’entraîner une chute ou un maintien dans la pauvreté. D’autre part, l’amélioration de l’accès aux soins, et ainsi de l’état de santé, influence à terme le niveau d’éducation, l’accès à l’emploi et le revenu.
La littérature éclairant l’effet des réformes de l’assurance complémentaire en France sur les populations pauvres est le plus souvent américaine et française. En France, la généralisation de la complémentaire santé est devenue un enjeu de politique publique en l’absence de mécanisme de limitation des restes à charge. Aux États-Unis, l’absence de couverture universelle a conduit au développement de programmes visant à faciliter l’accès à une couverture santé aux plus pauvres. Malgré l’Affordable Care Act ou Obamacare mis en œuvre à partir de 2010, 28 % des adultes y restaient sous-assurés en 2016 (Collins, 2017). En France, les travaux portent sur l’impact de la Couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) sur le recours aux soins et sur les déterminants du non-recours à l’Aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS) ainsi qu’à la CMU-C. Aux États-Unis, des travaux estiment les effets des extensions de Medicaid sur différentes dimensions de la pauvreté telles les dépenses de santé, le recours aux soins, l’état de santé, l’accès à l’emploi. Les mesures portant sur l’offre de soin de proximité et l’adaptation des services de santé aux publics défavorisés et aux minorités ethniques peuvent être éclairées par les exemples des Community Health Centers aux États-Unis et au Canada.