Par l’Atelier santé ville &  l’Institut de Formation en Soins Infirmiers du GCSPA – Salon de Provence

Cette Inspir’action fait partie du Dossier ressources « École, promotion de la santé et territoires ». À télécharger ici à https://www.fabrique-territoires-sante.org/capitalisation/dossiers-ressources/ecole-promotion-de-la-sante-et-territoires

Contexte de l’action

Lors de la réactualisation du Plan Local de Santé Publique (PLSP) de Salon de Provence en 2018, un groupe de travail réunissant les professionnels du territoire sur le volet « Adolescents – Jeunes adultes » a identifié la santé sexuelle des jeunes comme une des thématiques les plus prioritaires à inscrire dans le nouveau Plan.

En effet, les acteurs interrogés indiquent une entrée dans la sexualité des jeunes qui se fait de plus en plus tôt avec un manque de connaissance sur la relation au corps, les moyens de contraception et les infections sexuellement transmissibles. Ils constatent un recours aux soins des jeunes plus erratique : augmentation des demandes pour les pilules d’urgence, tests de grossesses et orientations IVG et moins de demandes pour la contraception et le suivi gynécologique. Les statistiques corroborent le ressenti des professionnels avec un nombre d’IST et de recours à l’IVG important en région PACA.

 

Dans le cadre de son partenariat avec l’IFSI du GCSPA (Institut de Formation en Soins Infirmiers du Groupement de Coopération Sanitaire du Pays d’Aix) – site de Salon de Provence, l’Atelier Santé Ville a saisi l’opportunité du service sanitaire pour conduire un projet de santé publique avec les étudiants infirmiers de deuxième année (enquête de terrain et action d’éducation à la santé). Pour répondre aux orientations de l’ARS PACA, tout en apportant des réponses aux problématiques de santé identifiées sur le territoire, le thème de la santé sexuelle chez les adolescents a été retenu.

Suite aux éléments de diagnostic du PLSP, le projet a été orienté sur la connaissance, la visibilité et les circonstances de recours à l’offre de soins et de prévention des jeunes ; afin de mieux comprendre leurs interactions avec les structures dédiées, d’identifier d’éventuelles limites dans l’accès aux soins et de mettre en place des actions spécifiques.

Le service sanitaire : une opportunité pour créer des actions de prévention

Le « service sanitaire pour les étudiants en santé » (médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique, soins infirmiers et masseur-kinésithérapeute) est mis en place depuis la rentrée 2018. L’objectif est de former les futurs professionnels de santé aux enjeux de la prévention, par la participation à la réalisation d’actions concrètes de prévention auprès de publics identifiés comme prioritaires. Ils interviendront dans des établissements scolaires, lieux de vie, entreprises… sur des thèmes prioritaires de la santé publique (promotion de l’activité physique, information sur la contraception, lutte contre les addictions, etc.). En savoir plus : http://www.ars.sante.fr/le-service-sanitaire-des-etudiants-en-sante

 

Fiche-identité de l’action

Porteurs du projet : IFSI du GCSPA site de Salon de Provence & Ville de Salon de Provence (Atelier Santé Ville)

Statut du projet : achevé

Échelle : plusieurs établissements scolaires

Thématique traitée : santé sexuelle

Public visé : jeune, étudiant en soins infirmiers

Partenaires opérationnels : référents des structures de soins et de prévention en santé sexuelle (MDA 13Nord, Planning Familial 13, CeGIDD, CPEF), professionnels des établissements scolaires ciblés (enseignants, infirmières scolaires), représentants d’étudiants

Partenaires financiers : aucun (le dispositif du service sanitaire n’ouvre pas à des financements dédiés)

Gouvernance : un groupe de travail réunit l’ASV (coordinatrice, médecin), l’équipe pédagogique de l’IFSI et les partenaires opérationnels cités ci-dessus.

Moyens affectés : 51 étudiants en soins infirmiers de 2ème année

 

Objectifs de l’action

Objectif général

> Améliorer l’accès aux soins en santé sexuelle des jeunes en permettant une identification des lieux ressources existants sur le territoire (structures, dispositifs et professionnels).

Objectifs spécifiques

> Analyser les besoins en santé sexuelle des lycéens à partir d’une revue de la littérature et d’une enquête de terrain orientée sur l’offre de soins.

> Choisir des outils et des stratégies d’interventions pertinents et adaptés permettant de répondre aux  besoins repérés.

> Mener des actions concrètes de prévention primaire auprès des jeunes dans les établissements scolaires.

 

Description de l’action

Ce projet s’est réalisé en plusieurs étapes entre septembre 2018 et mars 2019 selon les prérogatives établies dans le cadre du service sanitaire. Des enseignements sur la démarche de projet en santé publique ont permis aux étudiants d’avoir les premiers outils nécessaires au démarrage de ce travail. Ils ont ensuite été enrichis par des apports théoriques complémentaires notamment dans le champ de la vie affective et sexuelle et plus opérationnellement sur les outils pédagogiques et les techniques d’animation de groupe. Des rencontres avec les référents des différentes structures d’offres de soins et de prévention en santé sexuelle sur le territoire ont donné aux étudiants la possibilité de finaliser leurs interventions.

Phase 1 : Mobilisation des partenaires locaux (septembre 2018 à mars 2019)

La coordinatrice de l’ASV, en lien avec le médecin de santé publique de la ville, a mis en place des réunions partenariales régulières avec l’équipe pédagogique de l’IFSI, les référents des structures partenaires en santé sexuelle et les professionnels des établissements scolaires ciblés (enseignants, infirmières scolaires). Ces temps de rencontre ont permis d’affiner le diagnostic, de mutualiser les compétences et de valider chaque étape du projet au fur et à mesure de son avancement. Les cadres formateurs de l’IFSI ont également rencontré les chefs d’établissement des lycées concernés par le projet. Des représentants d’étudiants ont assisté à l’ensemble de ces réunions.

Phase 2 : Analyse de la situation/recueil des besoins (septembre 2018 à novembre 2018)

Une synthèse des connaissances a été réalisée par les étudiants grâce à une revue de la littérature et la rencontre des différents partenaires associatifs et institutionnels. Les informations collectées ont permis de cibler la population d’étude : lycéens des classes de seconde, première et terminale des cursus généraux et technologiques de 2 lycées publics et de 1 lycée privé de la ville de Salon de Provence. Cet état des lieux initial a également permis de construire une méthodologie d’enquête quantitative. Le recueil de données a été réalisé par les étudiants de l’IFSI dans les établissements sélectionnés, avec un total de 385 lycéens interrogés grâce à un questionnaire auto-administré.

Les principaux résultats de l’enquête montrent que l’hôpital et les libéraux (médecins généralistes, gynécologues, pharmaciens) sont bien connus des lycéens alors que les structures dédiées le sont peu (CPEF-Centre de Planification et d’Education Familiale, CeGIDD-Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic, Planning Familial). Pour des questions de santé sexuelle, les libéraux constituent le premier recours mobilisé par les élèves avec les infirmières scolaires. En revanche, les structures dédiées ne sont que peu voire pas mobilisées. Les actions d’éducation à la sexualité à l’école sont rares (fréquences inférieures aux recommandations nationales) mais plutôt appréciées. Enfin, Internet est assez largement utilisé pour rechercher de l’information sur la contraception, les IST/VIH mais aussi pour la découverte de pratiques sexuelles.

Phase 3 : Construction du programme d’actions (décembre 2018 à février 2019)

L’analyse des données a confirmé la nécessité de mener des actions ciblées sur les lieux ressources, afin de rendre visible l’offre de soins en santé sexuelle dédiée aux jeunes, à Salon de Provence. Pour répondre à cet objectif, les 51 étudiants en soins infirmiers de deuxième année, répartis en 17  trinômes, ont construit durant plusieurs semaines et avec l’aide de professionnels, des ateliers et des outils d’intervention qui ont pris des formes différentes (QR Code, jeu de l’oie, brainstorming, scénettes, …).

Phase 4 : Mise en œuvre (mars 2019)

Les actions se sont déroulées durant une semaine dans les 3 lycées qui ont participé à l’enquête et auprès des classes de troisième à la demande d’un collège de la ville. Les sessions d’intervention ont duré 2 heures chacune en demi-classe. Un questionnaire d’évaluation a été distribué à l’ensemble des élèves à la fin de chaque intervention. Chaque trinôme a été supervisé durant la séance par un membre de l’établissement (enseignant ou infirmière scolaire).

Phase 5 : Évaluation (mars 2019)

Une restitution du projet a eu lieu à la fin du mois de mars. Le bilan d’évaluation a été présenté à l’ensemble des parties prenantes (professionnels et étudiants). Ces moments d’échanges ont permis de confronter les points de vue, les points forts et les faiblesses du projet afin de dégager des pistes d’amélioration et de nouvelles problématiques de recherche pour la prochaine promotion d’étudiants infirmiers.

 

Résultats de l’action

> Afin de répondre à l’objectif général, 98 interventions ont été assurées par les 51 étudiants infirmiers sur 4 établissements scolaires pour un total de 1235 élèves. Chaque trinôme a réalisé en moyenne six interventions. Les classes de seconde ont été le public le plus concerné par ces actions.

Autoévaluation par questionnaire

> Concernant le niveau d’information sur l’offre de soins en santé sexuelle sur la ville (sur une échelle de 1 à 5 : pas du tout informé à complètement informé) :

–     24 % des lycéens déclarent un niveau d’information de 1-2 avant l’action versus 1 % après l’action

–     44 % des lycéens déclarent un niveau d’information de 3 avant l’action versus 3 % après l’action

–     32 % des lycéens déclarent un niveau d’information de 4-5 avant l’action versus 96 % après l’action

Plus de 98 % des élèves interrogés estiment désormais savoir à qui s’adresser concernant leur santé sexuelle. Les services proposés au sein des 4 structures de soins/prévention (MDA 13Nord, Planning familial 13, CPEF, CeGIDD) paraissent mieux identifiés même si des notions restent encore à approfondir. Près de 90 % des jeunes ont l’intention de contacter ces structures en cas de besoin.

> Concernant le niveau de satisfaction des interventions, 79 % des élèves ont répondu avoir été intéressés par la séance à laquelle ils ont assisté. 49 % d’entre eux estiment que cela les a fait réfléchir. Une partie des élèves aurait souhaité que les filles et garçons soient séparés durant les interventions. Certains ont regretté de ne pas pouvoir plus s’exprimer : par manque de temps pour les échanges avec les intervenants ou encore du fait de la présence de leur enseignant.

> L’action menée par les étudiants en soins infirmiers a également répondu aux objectifs spécifiques puisque l’ensemble des étapes du projet ont été réalisées dans le cadre et les délais impartis par le service sanitaire.

Cependant, ce projet n’a pas requis l’adhésion de l’ensemble des étudiants. En effet, l’orientation des interventions autour de l’offre de soins (information sur les structures) plutôt que sur la prévention des IST et des modes de contraception a créé quelques frustrations pour un certain nombre d’entre eux mais également pour quelques professionnels des établissements scolaires.

La qualité d’intervention entre les trinômes d’étudiants était variable. Certains se sont sentis très à l’aise face aux élèves tandis d’autres ont eu plus de difficultés pour s’exprimer devant la classe. La qualité des outils d’animation montrait également des différences : certains outils ont été facilitateurs alors que d’autres ont été source de nombreux questionnements de la part des élèves.

Ces points ont été abordés lors du temps de restitution du projet.

 

Perspectives

> Ce projet va se poursuivre entre avril 2019 et avril 2020 avec la nouvelle promotion d’étudiants en soins infirmiers. La thématique sera identique mais de nouveaux axes de travail vont être explorés. Un temps plus important sera consacré à la construction du programme d’actions et notamment à la préparation des interventions (outils et techniques d’animation, posture, contenus, messages à délivrer, etc.).

> Les acteurs du soin et de la prévention souhaitent davantage travailler en complémentarité avec les étudiants. Cela pourra éventuellement prendre la forme d’un forum santé à l’intérieur des établissements scolaires en continuité des actions collectives réalisées en classe.

 

Conseils pour reproduire ce projet

> Partir des priorités du Plan Local de Santé Publique pour choisir la thématique de travail

> S’appuyer sur le réseau de partenaires locaux à chacune des étapes du projet.

> Repositionner le rôle de l’étudiant qui est encore un apprenant et non un professionnel de santé expérimenté.

 

Repères sur le territoire

Territoire : Salon-de-Provence compte 45 000 habitants. Deux quartiers sont prioritaires au titre de la politique de la ville (5 000 habitants).  La commune fait partie de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence.

Contrat de ville : Contrat de ville 2015-2020 du Pays Salonnais (les axes relevant de la santé renvoient au PLSP de Salon de Provence)

Démarche territoriale de santé : Salon-de-Provence, porteur d’un ASV depuis 2002, s’est doté d’un plan local de santé publique. Le 3e PLSP, sur la période 2018-2020, s’articule autour de trois axes : la santé des enfants et leurs parents ; la santé des adolescents et des jeunes adultes ; prévention et promotion de la santé en faveur des populations les plus vulnérables (en savoir plus).

 

Aller plus loin

> Revues bibliographiques transmises par le CRES PACA : accès aux soins des adolescents, comportement sexuel des adolescents, contraception et MST

> DREES, « 216 700 interruptions volontaires de grossesse en 2017 », Etudes et résultats n°1081, 2018 : http://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er1081.pdf

> Santé publique France, Infection par le VIH et IST bactériennes. Bilan épidémiologique 2017 : http://invs.santepubliquefrance.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/VIH-sida-IST/Infection-a-VIH-et-sida/Actualites/Infection-par-le-VIH-et-les-IST-bacteriennes.-Point-epidemiologique-du-26-novembre-2018

> Ressources de Santé publique France sur le service sanitaire : http://www.santepubliquefrance.fr/Sante-publique-France/Service-sanitaire

 

Contact référents

Élodie Serrano

Coordinatrice Atelier santé ville

Ville de Salon de Provence

e.serrano@salon-de-provence.org

07 61 64 02 99

 

Bélinda Maioli

Cadre formateur

IFSI du GCSPA – site de Salon de Provence

belinda.maioli@gcspa.fr

04 90 44 95 06

 

Complété le 5.04.2019

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