Par Guyane Promo Santé

 

Contexte de l’action

Le territoire

La Guyane présente des caractéristiques géographiques et démographiques atypiques qui créent des besoins particuliers auxquels il est nécessaire d’apporter des réponses ciblées. Sa croissance démographique est exceptionnelle, la Guyane enregistre en effet un taux de croissance annuel de 3,6 % (6 fois plus que celle de la métropole). La population y est très jeune : les moins de 20 ans représentent 45 % de la population (contre 25 % au niveau national). Le taux de chômage y est très élevé (26,5 %), 57 % de la population perçoit les allocations familiales et 45 % des familles monoparentales en dépendent totalement.

Les indicateurs de santé montrent une situation sanitaire dégradée en comparaison à la moyenne nationale. Les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la population est jeune. Le diabète touche 7 % de la population, 17 % souffre d’hypertension et 48 % de surpoids ou d’obésité (6,8 % des enfants sont obèses).

Ces pathologies sont favorisées par des facteurs de risques intriqués (diabète, obésité et hypertension artérielle), répondant à des mesures préventives semblables. L’éducation pour la santé est particulièrement indiquée pour lutter contre ces maladies liées à des changements apportés à nos modes de vie, notamment en termes d’alimentation et de sédentarisation.

Le contexte particulier de la Guyane, avec un public ne parlant ou ne lisant pas toujours le français et dont les pratiques alimentaires se trouvent très éloignées de la culture du Programme National Nutrition Santé (PNNS), oblige à une approche concrète et adaptée de la nutrition. Les plans nationaux (Programme National pour l’Alimentation [PNA], Plan Obésité et PNNS) invitent les porteurs de projets à mener des actions de prévention de l’obésité et des troubles liés à la nutrition.

L’action d’une école maternelle

Dans ce contexte, le projet « Je mange, je bouge, je suis en bonne santé à l’école maternelle La Roseraie » a vu le jour en 2017. Il cherche à favoriser un changement positif dans la réponse aux besoins de santé des enfants d’âge préscolaire (3 à 6 ans) en proposant une approche globale et intégrée de la santé via la nutrition et l’éveil sensoriel.

L’école maternelle La Roseraie est une école de 10 classes dans le quartier de la Roseraie à Cayenne. Bien que la Roseraie ne soit pas située en quartier prioritaire par la politique de la ville, l’école reçoit un public majoritairement issu de quartiers où le niveau de vie des habitants est faible.

La directrice de l’école maternelle et l’équipe éducative ont fait le constat d’une méconnaissance des parents quant aux besoins physiologiques en lien avec la croissance et de goûters totalement inadaptés (gâteaux, chips, pizza, sodas). Des demandes de soutien d’un groupe de mamans en surpoids ont également été adressées à la directrice en début d’année scolaire 2016 afin de les accompagner dans une démarche de perte de poids.

Les attentes de la population concernée (équipe éducative, parents et enfants), ainsi identifiées par un diagnostic entamé par la directrice de l’école dès sa prise de fonction en 2015, ont été présentés à Guyane Promo Santé – IREPS Guyane. Dans le cadre de sa mission d’appui méthodologique, Guyane Promo Santé a accompagné l’école La Roseraie sur la déclinaison du projet d’établissement en lien avec l’alimentation.

La mise en place d’un nouveau projet d’établissement pour 4 ans (2017-2021) et la volonté de sensibiliser les parents, les enfants et les collègues à l’importance de l’éveil sensoriel et de l’équilibre alimentaire des petits a amené l’équipe éducative à proposer un projet liant éveil sensoriel, éducation à l’alimentation, jardin pédagogique et activité physique tout en impliquant de nombreux acteurs œuvrant auprès des enfants.

Fiche-identité de l’action

Porteur du projet : Guyane Promo Santé (IREPS)

Statut du projet : en cours de mise en œuvre

Échelle : une école maternelle de Cayenne

Thématique traitée : nutrition

Publics visés : enfant, parent, personnel des établissements scolaires

Partenaires opérationnels : diététiciens, éducateurs sportifs de la Fédération Sport Pour Tous, médecins du Centre Hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, professionnels de la restauration scolaire, ingénieur agronome, étudiants et enseignants du lycée agricole de Matiti

Et des partenaires institutionnels : rectorat, ARS, DAAF, DJSCS, Mairie de Cayenne

Partenaires financiers :

–     Agence régionale de santé Guyane (ARS)

–     Rectorat de Guyane

–     Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Guyane (DAAF)

Gouvernance : un comité de pilotage réunit la mairie de Cayenne, le Rectorat (infirmière et/ou médecin référents), la DAAF, l’ARS, INGAGEN (structure proposant un accompagnement technique aux porteurs de projet dans le domaine du végétal et de l’agriculture durable), la Fédération Sport pour tous, le centre de formation BioAcademy, une diététicienne libérale, la communauté d’agglomération du centre littoral (CACL) et Guyane Promo Santé.

Coûté de l’action : 35 200 €

Moyens humains :

–     Jours de travail d’un.e chargé.e de mission de Guyane Promo Santé

–     Intervenants professionnels : diététicien, éducateur sportif, médecins, professionnel de la restauration, ingénieur agronome, etc.

–     Equipe éducative de l’école maternelle la Roseraie (10 enseignants, 11 ATSEM, 4 AEP, 3 périscolaires et 2 services civiques)

–     Partenaires institutionnels : Rectorat, ARS, DAAF, Mairie de Cayenne

Moyens matériels : locaux de l’école maternelle, matériel informatique, salle pour les ateliers cuisine, salle pour les consultations, véhicule de service, matériel pédagogique, site internet de Guyane Promo Santé

Objectifs de l’action

Objectif général

> Prévenir les pathologies liées au surpoids et à l’obésité à travers une démarche active auprès des élèves, des parents et de l’équipe éducative de l’école maternelle, en montrant l’importance d’une alimentation variée et de l’exercice physique pour leur santé.

Objectifs spécifiques

> Renforcer les connaissances et les compétences de l’équipe éducative sur la question de l’équilibre alimentaire

> Sensibiliser les enfants aux liens entre alimentation, activité physique et santé et favoriser l’éveil sensoriel

> Améliorer les connaissances et les pratiques de l’équipe éducative et des parents en matière d’équilibre alimentaire, d’activité physique et de prévention des maladies métaboliques

> Mettre en place un parcours « Santé Bien-être » pour un groupe de personnels éducatifs et de parents en surpoids

Description de l’action

Axe 1 : Renforcer les connaissances et les compétences de l’équipe éducative sur la question de l’équilibre alimentaire

1. Formation de l’équipe éducative sur l’éducation à l’alimentation 

Les temps de formation ont été discutés conjointement avec la directrice de l’école, l’inspectrice de l’Éducation Nationale (IEN) de circonscription et le responsable de la Mairie de Cayenne. La formation a eu lieu pendant 2 matinées en novembre 2017 et était animée par une diététicienne libérale. 11 personnes (mairie et Éducation nationale) y ont participé.

2. Formation de l’équipe éducative sur l’éveil sensoriel 

Une autre formation a eu lieu en novembre 2017 sur l’éveil sensoriel, animée par une chargée de projets de Guyane Promo Santé. 13 professionnelles étaient présentes (8 enseignantes, 4 ATSEM et 1 animatrice).

3. Accompagnement des actions des enseignants dans le cadre de la semaine du goût 

Afin de travailler sur la notion de goût, Guyane Promo Santé a animé un atelier autour des saveurs avec les 3 classes de grandes sections dans le cadre de la semaine du goût (octobre 2017). Les objectifs pédagogiques étaient d’amener les élèves à retenir la notion de papille gustative, à être en capacité de reconnaitre et à citer les 4 saveurs principales : sucré, salé, amer, acide.

Une fois la notion de papille gustative appréhendée, des expériences gustatives autour des 4 saveurs étaient proposées : dégustation de sel fin et de gros sel, de sucre, de chocolat amer et de citron.

Un support imagé récapitulant les 4 saveurs a été laissé à chacune des classes afin que les élèves puissent s’y référer si besoin.

Axe 2 : Sensibiliser les enfants aux liens entre alimentation, activité physique et santé et favoriser l’éveil sensoriel

1. Co-interventions en classe pour le déploiement d’ateliers d’éveil sensoriel 

Les co-interventions en classe ont eu lieu en octobre 2018 avec les 3 classes de grandes sections, en demi-classes. Les objectifs pédagogiques étaient similaires à ceux des ateliers menés à l’occasion des classes du goût (élèves de moyenne section en 2017/2018 étant désormais en grande section).

2. Co-construction du jardin pédagogique de l’école 

L’école La Roseraie avait souhaité participer à un projet de jardins partagés organisé par la Mairie de Cayenne. Dans cette continuité, un partenariat a été mis en place avec le lycée agricole de Matiti : ainsi, les étudiants et enseignants du lycée agricole ont contribué à la mise en place d’un jardin pédagogique au sein de l’école maternelle. Deux premiers ateliers (avec les enseignants puis avec les enfants des classes de grandes et moyennes sections) ont permis de réfléchir à l’organisation du jardin pédagogique, à son entretien et au choix des plantes. Les jardinières et la terre mises à disposition par la Mairie de Cayenne, la structuration du jardin s’est faite en fin d’année scolaire 2017/2018. Des plantes ornementales, médicinales et alimentaires ont été intégrées au jardin. La contribution des parents a fortement été sollicitée à travers trois journées banalisées.

Cet axe a été renforcé à la rentrée scolaire 2018/2019. Les habitants du quartier ont été conviés à des ateliers jardinage deux samedis matin au mois de septembre 2018 afin de relancer l’activité du jardin après les vacances scolaires.

Une agronome accompagne par ailleurs l’école dans l’entretien et la valorisation du jardin (8 demi-journées par année). Toutes les classes de l’école participent à la réalisation de semis puis à la plantation des végétaux.

Parallèlement, la directrice de l’école a organisé un « concours de la classe fleurie », invitant ainsi les enseignants a participé activement au projet. Chaque classe confectionne ses jardins suspendus, jardinières, devantures ornementales, etc. Les élèves sont ainsi sensibilisés aux vertus décoratives et nourricières des plantes.

Au cours de cette année scolaire 2018/2019, plusieurs parents d’élèves sont très actifs dans l’entretien du jardin d’école. Leur présence hebdomadaire contribue à la récolte des fruits et légumes (concombre longe, fleurs de bissap, potimarron, haricots verts, canne à sucre, gombo, patates douces, etc.) et à la floraison de l’école.

Une journée festive, conviant les parents, les habitants du quartier et les différents partenaires du projet, est prévue en mai 2019. Les travaux des élèves, l’évolution du jardin, la participation des parents et le projet d’établissement seront mis à l’honneur à travers des ateliers de dégustation des produits récoltés, une remise de prix, etc.

3. Ateliers de transformation des fruits et légumes (compotes, purées, tartes, …) 

Au cours de la première année (2017/2018), des ateliers de transformation de fruits ont été proposés par les agents de la restauration scolaires de la Mairie de Cayenne aux enfants des trois classes de grandes sections. Les enfants ont appris à presser des oranges, à déguster le jus, à découper les fruits pour en faire une salade de fruit. Ces temps de rencontre entre le personnel municipal et les enfants ont été riches en échanges et en apprentissage mutuel.

Durant l’année scolaire 2018/2019, des « ateliers goût » sont proposés par les enseignants au sein de leurs classes à partir des produits récoltés dans le jardin. Les enfants ont eu l’occasion de déguster de la canne à sucre, de l’infusion de citronnelle, du jus de bissap, de la purée de potiron, etc. Ces ateliers ont également pour objectif d’enrichir le vocabulaire des enfants, de développer le langage oral et écrit (une des priorités dans les programmes d’enseignement en Guyane). Les enseignants ont en ce sens nommé leur classe par des noms de fruits et profitent du projet pour lire aux enfants des contes sur les fruits et légumes.

4. Travail sur la connaissance des fruits et légumes via les contes locaux et nationaux 

Des histoires sont lues régulièrement par les enseignantes et la bibliothèque de l’école se compose de plus d’une vingtaine d’album sur le sujet de l’alimentation. L’achat de nouveaux albums jeunesse a été fait à la rentrée 2018/2019 afin de compléter les ouvrages déjà disponibles.

 

Axe 3 : Améliorer les connaissances et les pratiques de l’équipe éducative et des parents en matière d’équilibre alimentaire, d’activité physique et de prévention des maladies métaboliques

1. Ateliers pour composer des menus équilibrés 

Des ateliers cuisine pour parents et enseignants ont été mis en place par deux diététiciennes libérales au cours de l’année scolaire 2017/2018. Ces ateliers, fortement plébiscités par les enseignants, ont permis de modifier de façon significative les habitudes alimentaires de plusieurs stagiaires (diminution des graisses et du sucre et augmentation de la part des légumes dans leur menu quotidien).

2. Atelier cuisine parents/ATSEM

Des ateliers cuisine parents/ATSEM ont également été dispensés par une diététicienne. Ils ont permis de travailler sur la notion d’équilibre alimentaire via les produits locaux. 10 personnes étaient présentes à chaque atelier dont 7 ATSEM et 3 parents. 

3. Temps d’activités physiques pour l’équipe éducative et les parents 

Les objectifs de la mise en place de ces temps d’activité physique étaient la découverte d’activités sportives accessibles et ludiques, la prise de conscience des bienfaits de l’activité physique et de l’importance d’une bonne hygiène alimentaire pour la santé ainsi que le renforcement du lien entre les parents, les enfants et les enseignants.

Chaque semaine, deux créneaux, animés par des éducateurs sportifs, sont proposés : un atelier pour les adultes et un atelier adultes/enfants..

Au cours de la première année, les ateliers étaient destinés aux adultes uniquement. L’évaluation faite par la Fédération Sport pour tous a mis en lumière que seulement 45 % des personnes inscrites sont venues régulièrement, dont majoritairement des enseignants. La faible représentation du personnel municipal et des parents peut s’expliquer par plusieurs facteurs : les représentations autour de l’activité physique (nombreuses sont les personnes ne pratiquant aucune activité physique et ce depuis un certain temps ; la reprise d’une activité physique peut être difficile et doit être accompagnée), la disponibilité des parents sur les créneaux proposés (pour les parents n’ayant pas de mode de garde, il était très difficile de participer aux ateliers) et l’impossibilité pour certains parents de se munir d’un certificat médical, certificat obligatoire pour la pratique d’une activité physique.

Afin de pallier à ces difficultés, des éléments ont été mis en place dès la seconde année (2018/2019) : une diversité dans les activités physiques proposées (gymnastique avec ballons – triballens, art martial local – djokan, danse rythmique – dansat’, …), des temps d’activité physique communs parents/enfants et la dispensation de certificats médicaux par une médecin parent d’élèves.

4. Temps de sensibilisation autour du diabète et des maladies métaboliques 

Un temps de sensibilisation sur les maladies métaboliques est programmé au cours du dernier trimestre de l’année scolaire 2018/2019 avec une médecin nutritionniste du Centre Hospitalier André Rosemon. Seront conviés les parents d’élèves et l’équipe éducative. 

5. Animation de cafés des parents 

L’objectif de ces cafés parents (d’une durée de 2 heures) est de sensibiliser les parents aux aliments adaptés à leurs enfants et aux aliments qui ne sont pas indispensables. Le premier café des parents, animé par une diététicienne libérale, avait pour thème « Quels aliments pour nourrir nos enfants ? ». Deux autres cafés ont été réalisés sur le thème du « goûter du matin » et du « sucre dans l’alimentation » par l’infirmière scolaire et une chargée de projet de Guyane Promo Santé. À chacun de ces cafés, une dizaine de parents étaient présents.

 

Axe 4 : Mettre en place un parcours « Santé Bien-être » pour un groupe de personnels éducatifs et de parents en surpoids

1. Consultations diététiques en individuel

Des consultations individuelles et collectives ont été proposées par une diététicienne au cours d’une matinée en mars 2018.

2. Ateliers cuisine pour personnel et parents en surpoids 

Des ateliers cuisine avec un focus sur le surpoids et le diabète ont été proposés par une diététicienne au cours de la première année. Celle-ci note une bonne participation des professeurs de l’école à chaque atelier. Les échanges sont très riches avec de nombreuses questions sur l’équilibre alimentaire au quotidien, l’organisation des courses, l’étiquetage ainsi que des questions santé (perturbateurs endocriniens dans les produits transformés ou pesticides dans les fruits et légumes). En moyenne 12 personnes ont participé aux ateliers, dont 5 parents.

La confection de menus peu onéreux a rassuré l’assistance à chaque atelier ainsi que la mise en lumière d’aliments simples et sains, non transformés et rapidement cuisinés pour toute la famille.

3. Temps d’activités physiques pour personnel et parents en surpoids 

Des ateliers activité physique pour les personnes en surpoids ont été programmés au cours de la première année, mais peu de personnes se sont inscrites.

4. Faire connaitre l’offre de suivi médical individualisé pour les diabétiques aux équipes pédagogiques et aux parents 

Une intervention sur le diabète et les maladies métaboliques est programmée pour la fin de l’année scolaire 2019. Elle sera réalisée par une médecin nutritionniste du CHAR.

Résultats de l’action

> Une meilleure connaissance de l’équilibre alimentaire des enfants, de l’équipe éducative et des parents

On constate une meilleure connaissance de l’équilibre alimentaire de l’équipe éducative et les enseignants relèvent des modifications positives dans la façon dont les enfants perçoivent désormais l’alimentation ou les produits locaux. 60 % des enseignants notent une légère amélioration des goûters, 20 % une nette amélioration mais 20 % aucun changement. Malgré le peu de parents présents lors des ateliers, ceux qui y ont participé attestent d’une amélioration de leur connaissance et un changement dans leurs pratiques alimentaires.

> Des partenaires (associatifs, institutionnels, collectivités, libéraux, etc.) mobilisés autour de la problématique de l’alimentation

La présence de nombreux partenaires lors des COPIL atteste d’une réelle mobilisation autour de la problématique alimentation. De nouveaux partenaires sollicitent Guyane Promo Santé pour s’impliquer dans le projet. C’est l’exemple de la CACL qui souhaite, dès l’an prochain, proposer un composteur au sein de l’école afin de travailler sur le gaspillage alimentaire ainsi que le don de gourde aux enfants.

Plusieurs établissements scolaires souhaitent bénéficier de l’apport théorique du projet pour nourrir leur projet d’école. C’est par exemple le cas de l’école maternelle Léopold Héder à Cayenne, avec son nouveau projet d’école à la rentrée 2019/2020.

> Un mieux-être des personnes en surpoids

Certains parents et personnel de l’équipe éducative en surpoids ont entrepris des changements dans leurs habitudes alimentaires et engagé une démarche de perte de poids. Une ATSEM a ainsi choisi d’être accompagnée dans un parcours de soins à l’hôpital à travers un programme d’éducation thérapeutique pour la prise en charge de son surpoids. Une maman, ayant développé un diabète gestationnel, est quant à elle très demandeuse des ateliers proposés à l’école et sensibilise les autres parents aux bienfaits d’une alimentation saine, tournée vers les produits frais et locaux.

> Le renforcement du lien parents/enfants et parents/enfants/équipe éducative

Le renforcement du lien est très difficile à mesurer et reste subjectif. Les enseignants pensent tout de même, pour 89 % d’entre eux, que le projet a permis de renforcer légèrement le lien avec les parents.

 

Principales difficultés rencontrées

Au cours de la première année, les différents publics cibles (enseignants, personnel municipal, enfants et parents) n’ont pas été atteints de façon homogène. En effet, on constate que ce sont principalement les enseignants qui ont bénéficié des ateliers (formation, ateliers cuisine, activité physique, etc.). Les parents, bien que présents sur certains ateliers, n’ont pas été suffisamment mobilisés pour que leur présence soit significative. Concernant le personnel municipal et principalement les ATSEM, des difficultés existent au sein de l’école quant à la définition des missions de chacun. La coordination Mairie/Education nationale n’est pas toujours efficiente et entraine des incompréhensions qui affectent les professionnels œuvrant au sein des établissements. Les ateliers ont parfois été boudés par manque d’un sentiment de légitimité.

 

Dès la rentrée scolaire de la deuxième année, la participation des parents a été fortement sollicitée à travers l’entretien et la valorisation du jardin. Ainsi, des semis sont partagés, des jardinières construites en bois de palettes, des fruits et légumes récoltés, les espaces verts désherbés…  Les ATSEM se sont également montrées davantage intéressées par les différents ateliers, heureuses d’être associées à un projet d’école dont les premiers résultats sont perceptibles.

 

Il est important de souligner les difficultés rencontrées par les intervenants pour les ateliers proposées aux personnes en surpoids. En effet, le public ciblé n’était pas forcément celui qui était le plus présent. Il existe une réelle résistance à s’inscrire dans une activité physique, parfois en raison d’un manque de confiance en soi ou d’estime de soi, de douleurs physiques, etc.

 

La première année, la communication avec les parents n’a pas toujours été efficiente. Les enseignantes manquaient d’information sur le déroulement des ateliers et la directrice, qui n’est pas déchargée de sa classe à temps plein, n’avait pas toujours le temps d’informer les parents à la sortie de l’école.

Perspectives

> Le projet entamera sa troisième année à la rentrée scolaire 2019/2020. Il sera orienté autour de la création d’un livret scolaire qui comprendra 3 volets : « activité physique » (des fiches ludiques et pédagogiques illustreront des séances d’activités physiques adaptées à tous, visant à renforcer la cohésion adultes-enfants et à illustrer l’intérêt pour la santé de l’activité physique) ; des recettes de cuisine (une boisson, une entrée, un plat, un goûter et un dessert) élaborées à partir des fruits et légumes récoltés dans le jardin de l’école ; enfin, des conseils en santé (les thématiques seront sélectionnées avec l’aide de l’infirmière scolaire et fonction des priorités repérées au sein de l’école : hygiène des mains, hygiène corporelle, recommandations sur l’alimentation et l’activité physique, etc.)

Toutes les illustrations graphiques seront réalisées par les enseignants et les élèves. Les recommandations santé seront validées avec des professionnels en activité physique, en nutrition et en éducation pour la santé. La construction du livret sera supervisée par Guyane Promo Santé.

Parallèlement, les ateliers sur l’éveil sensoriel, l’activité physique, le jardinage et l’alimentation, assurés par différents partenaires associatifs et indépendants, continueront d’enrichir enfants, parents et équipe éducative.

 

> L’année scolaire 2020/2021 sera consacrée à des échanges intergénérationnels. Le souhait est de créer du lien et des partenariats avec des établissements scolaires (primaires, collèges, lycées) du territoire œuvrant sur des projets abordant les mêmes thématiques (alimentation, environnement, activité physique) ainsi qu’avec l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du secteur.

Conseils pour reproduire ce projet

> S’appuyer sur une équipe de partenaires solide : ici une direction d’école extrêmement engagée et suivi par son équipe pédagogique, un inspecteur de circonscription moteur et volontaire pour dégager du temps à son personnel, une mairie soutenante et engagée sur la formation de ses ATSEM, un coordinateur pour orchestrer le planning, faire du lien entre les différents partenaires et animer des temps de concertation (COPIL)

> Assurer un lien école-parent fonctionnel

> Bénéficier d’intervenants ayant un planning souple

> S’appuyer sur une démarche de promotion de la santé et de prévention et être soucieux de la nécessité d’agir en amont des problèmes, en mettant l’accent sur les déterminants de la santé et du bien-être, sur les forces des familles et des communautés

> Prévoir des supports de communication pour rendre compte et capitaliser auprès des bénéficiaires, des financeurs, des partenaires associatifs et institutionnels et du grand public

Repères sur le territoire

Territoire : l’école maternelle La Roseraie est située à Cayenne, chef-lieu de Guyane.

Contrat de ville : Communauté d’agglomération du Centre Littoral (http://www.ville-cayenne.fr/contrat-de-ville/) ; le volet santé du contrat de ville est le CLS.

Démarche territoriale de santé : la ville de Cayenne a un CLS, qui vise prioritairement les quartiers de la politique de la ville et dont l’un des objectifs stratégiques est de promouvoir la nutrition et l’activité physique (http://www.crpv-guyane.org/wp-content/uploads/2016/05/CLS-Cayenne.pdf).

Aller plus loin

> Un premier film documentaire a été réalisé au cours de la première année du projet (2017/2018). Ce film permet une restitution des actions menées au cours de cette première année, en lien avec les différents objectifs spécifiques. Il valorise le travail pluridisciplinaire réalisé auprès des différents publics (enfants, adultes). Il permet de capitaliser et de rendre compte d’un projet en promotion et éducation pour la santé auprès des bénéficiaires, des financeurs, des partenaires associatifs et institutionnels et du grand public. Ce film est disponible sur le site internet de Guyane Promo Santé : http://gps.gf/blog/je-mange-je-bouge-je-suis-en-bonne-sante-a-lecole-maternelle-la-roseraie/

NB : Une communication sur l’intégralité du projet est souhaitée. En ce sens, la réalisation de 3 autres films est prévue pour les années scolaires 2018/2019, 2019/2020 et 2020/2021. À la fin du projet (2021), un film « synthèse » permettra la restitution et la valorisation de l’ensemble du projet.

Contact référent

Léa Bourse

Chargée de projets

Guyane Promo Santé

l.bourse@gps.gf

05 94 30 86 74

 

Complété le 19.03.2019

Télécharger cette Inspir’action au format pdf