Par le Planning familial 34

Rédigée par Elsa Robert, coordinatrice du projet de lutte contre la précarité menstruelle, et Elina Bourgeois, animatrice (coordonnées en bas)

PROBLÉMATIQUE & CONTEXTE

La précarité menstruelle renvoie à l’incertitude de pouvoir se procurer des produits d’hygiène menstruelle – produits de consommation et de première nécessité – en raison de situations exogènes : situation financière insuffisante, accès à un logement, accès à l’eau potable, accès à la nourriture, etc.[1].

Par ailleurs, des représentations persistent chez les professionnel·les de la santé en matière de santé sexuelle et reproductive concernant certains publics (« les femmes africaines ont beaucoup d’enfants, sont contre la planification… ») qui peuvent conduire à des pratiques discriminatoires et empêcher la construction d’un parcours de soins.

[1] Cf. Marine Ferment « Précarité menstruelle en prison : construction et prise en charge d’un problème public », Mémoire de Master 2 Intervention et Développement Social, Université Paul Valéry, Montpellier, 2020).

OBJECTIFS
  • Structurer un dispositif d’accès aux moyens de protection pour et avec des femmes en situation de précarité menstruelle dans une approche globale de santé sexuelle et reproductive (distribution de protections, ateliers/espaces de dialogue)
  • Former, sensibiliser et accompagner les professionnel·les intervenant auprès des publics pour favoriser la prise en compte de la santé sexuelle et reproductive et lutter contre les représentations et préjugés pouvant donner lieu à des pratiques discriminatoires.
RACONTEZ VOTRE PROJET…

Analyse des besoins

A l’origine du projet, c’est un groupe de travail « Santé pour toutes et pour tous » réunissant des acteurs·trices institutionnel·les et associatifs·ives (DDEF, Ville de Montpellier, associations de quartiers, personnel soignant en santé globale, structures de 1er accueil, etc.) et co-piloté par le Planning Familial 34 qui a mis à jour la problématique de la précarité menstruel sur le territoire de Montpellier.

Une première phase de diagnostic au premier semestre 2021 a permis le recueil des besoins auprès des futurs partenaires distributeurs (36 réunions). En parallèle, l’organisation de séances de sensibilisation auprès des femmes et des jeunes a confirmé leur intérêt pour le thème des règles, précisé leur choix quant au type de produit menstruel souhaité (très majoritairement des serviettes jetables). Ces premières rencontres ont également permis de recueillir les représentations et attentes des femmes à partir desquelles les objectifs et modalités d’intervention ont été affinés.

D’un autre côté, la passation d’un questionnaire auprès des structures et associations partenaires a contribué à définir le fonctionnement du dispositif dans ses aspects techniques (modalités de stockage et de distribution notamment), ainsi qu’à préciser l’organisation concrète des animations pour les publics (méthodes, outils, etc.) et les modalités d’accès à celles-ci et aux protections distribuées.

Déploiement du projet

Le projet s’est déployé en 4 temps :

  • Communication sur le dispositif à l’échelle de la ville de Montpellier
  • Animations pour les personnes réglées et distribution des moyens de (protection).

Le Planning s’engage sur un approvisionnement tous les deux mois, mais les structures partenaires choisissent les modalités de distribution librement (lieux, distribution unique ou à la demande, etc.). Un a stock a pu être constitué à partir de dons (notamment de la ville de Montpellier et de l’association Règles Elémentaires) et en achetant à prix réduits auprès de l’entreprise Jho.

  • Formation d’une cinquantaine de professionnel·les partenaires à la précarité menstruelle et aux enjeux de santé sexuelle et reproductive.
  • Élaboration d’un kit pour les partenaires (fiches anatomiques, affiches de sensibilisation, présentation des différents produits, cartographie des lieux de distribution de protections, etc.)
RÉSULTATS

Par rapport aux objectifs, quels résultats ont été obtenus ?

  • Le processus de mise en place a duré plus d’un an pour assurer sa dimension collective.
  • Une première distribution-testa a permis de fournir à 1 500 femmes des protections jetables pour 2 mois. 5 autres distributions sont prévues en 2022.
  • 50 professionnel·les intervenant dans les QPV ont été impliqué·es pour la distribution.

Avez-vous observé des effets inattendus ?

Nous avons constaté d’importants besoins en santé sexuelle et reproductive et, grâce à la porte d’entrée « précarité menstruelle », différentes thématiques ont été abordées : contraception, représentations du corps, physiologie, situations de violence, etc., qui permettent également l’émergence de nouvelles thématiques (douleurs des règles, fuites urinaires, retours de couches, par exemple).

Par ailleurs, chaque partenaire étant libre de s’organiser quant à la distribution, des temps d’échange sur ce point sont désormais prévus dans le cadre des modules de sensibilisation.

Une réflexion a aussi émergé sur le type de produits à distribuer et leur diversification (serviettes jetables, tampons), ainsi sur que la mise à disposition de gel hydroalcoolique.

Quelles sont les perspectives pour l’action ?

  • La pérennisation de l’action et son développement dans d’autres territoires de l’Hérault : Lunel, Béziers, Agde, etc.
  • L’organisation d’une journée d’études sur la précarité menstruelle en partenariat avec Médecins du Monde.

Si un autre territoire souhaitait reproduire votre action, quels conseils lui donneriez-vous ?

Le processus de mise en place du projet est central. Deux moments importants ont précédé la phase de distribution et de mise à disposition des moyens de protection :

  • La phase de diagnostic des besoins et des attentes auprès des publics et professionnel·les
  • La phase de mobilisation des partenaires et de déploiement du volet logistique.

Voir également en annexe les différents indicateurs mobilisés dans le cadre du déploiement de l’action.

FICHE-IDENTITÉ DE L’ACTION

Porteur de l’action :

Elsa Robert (coordinatrice du projet de lutte contre la précarité menstruelle) et Elina Bourgeois (animatrice) – Planning Familial 34.

Territoire d’intervention :

Ville de Montpellier (QPV principalement, mais aussi bidonvilles, CHRS, CADA).

Projet expérimental avec en vision un élargissement sur d’autres sites du département de l’Hérault.

Cadre(s) d’intervention/politique(s) dans lequel s’inscrit l’action :

Promotion de services innovants favorisant l’accès de chacun.e à une réponse à ses difficultés sociales et modernisation des dispositifs d’accès aux biens essentiels afin qu’ils soient mieux adaptés aux besoins des personnes.

Public visé :

Femmes vivant dans les quartiers QPV (100%), femmes en mal abri, personnes en situation de handicap et publics jeunes.  Au total, 3 100 femmes.

Partenaires opérationnels :

37 partenaires au démarrage, 47 aujourd’hui : associations de quartier, association accompagnant les femmes en bidonville, CIMADE, Médecins du Monde, Samu Social, CHRS, Femmes invisibles (femmes SDF), etc.

Partenaires financiers :

Plan régional précarité cohésion sociale, Service Droits des femmes, Mairie de Montpellier, donations privées.

Précisez la gouvernance de l’action :

Un comité de pilotage a assuré la cohérence des actions au regard des objectifs et validé la mise en œuvre des axes de développement. Il était composé d’élu·es, de bailleurs et des partenaires les plus investi.es.

Un comité technique a précisé la place et les missions de chaque intervenant·e et structure, construit le cadre méthodologique et éthique (convention, charte) et élaboré les processus et les outils.

TERRITOIRE

Votre action s’inscrit-elle dans une dynamique territoriale de santé ?

Un Atelier Santé Ville

Un contrat local de santé

Un conseil local de santé mentale

Autre (précisez : …………………………………….)

Le territoire est-il couvert par un contrat de ville ?

X Oui

Non

Ne sait pas

Si oui, votre action s’inscrit-elle dans le contrat de ville ?

X Oui

Non

Ne sait pas

AUTRES RESSOURCES

Rapport sur les menstruations des députées Laetitia Romeiro Dias et Bénédicte Taurine du 13 février 2020

CONTACT RÉFÉRENT

Prénom Nom – Fonction

Elsa Robert – Coordinatrice du projet de lutte contre la précarité menstruelle

Elina Bourgeois – Animatrice

Fonction

Chargé de mission Banque de ressources

Structure

Planning Familial 34

Mail

elsa.robert.planning34@gmail.com

Tél

04.67.64.62.19 / 06.64.63.48.02 (Elsa Robert)

Mis à jour en mars 2022

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