L’Atelier santé ville des quartiers Nord de Toulouse organise depuis huit ans « Ciné ma santé », un événement consacré à la nutrition, accompagné par la projection d’un film. Diverses activités sont proposées en complément dans un moment festif et convivial. Renouvelé tous les ans, le projet a favorisé la participation d’habitants à ses différentes étapes. L’événement fédère l’ensemble des partenaires du territoire et défend une approche communautaire de la santé. 

> PROBLÉMATIQUE : Comment réduire les risques de déséquilibres alimentaires des familles résidant en quartier prioritaire ? Comment favoriser la participation d’habitants dès la conception du projet ?

 

Présentation de l’ASV

Structure porteuse de l’ASV : Commune de Toulouse (service communal d’hygiène et de sécurité)

Financement de l’ASV : Ville

Ressources humaines : 2 ETP (2 coordonnatrices couvrent les quartiers prioritaires)

Historique et contexte : La démarche Atelier santé ville est née en 2007, suite à la signature du contrat urbain de cohésion sociale (Cucs). Elle se déploie sur cinq quartiers prioritaires (Grand Mirail, Empalot et les quartiers Nord, composés des secteurs Les Izards-La Vache, Bourbaki et Negreneys).

En 2010, une conférence citoyenne, réunissant notamment vingt habitants, a abouti à un Plan municipal de santé.  Celui-ci s’est appuyé sur la démarche ASV préexistante pour constituer un réseau, avoir une entrée sur le territoire et construire sa méthode de travail.

Intégration dans le contrat de ville : Le contrat de ville 2015-2020 a inscrit parmi ses orientations stratégiques la réduction des inégalités sociales de santé « en s’appuyant sur la promotion de la santé ».

Autres dispositifs locaux en santé publique : Un contrat local de santé a été signé en 2014. De plus, un conseil local en santé mentale (CLSM) existe depuis 2012.

 

Éléments-cadre du projet présenté

Échelle d’intervention du projet : quartiers Nord

Partenaires du projet : Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique de Midi-Pyrénées, Toulouse Aviron Sport & Loisirs, Éducation nationale, service municipaux (crèches, maison de la citoyenneté), associations locales, habitants et habitantes impliqués

Public cible : habitants des quartiers Nord

Durée du projet : événement annuel depuis 2009

Co-financements du projet : Ville, ARS

 

Histoire du projet

Ciné ma santé, un événement fédérateur autour de la nutrition

Un diagnostic local de santé mené en 2007 par l’Atelier santé ville des quartiers Nord de Toulouse a identifié la nutrition parmi les priorités de santé. Un groupe de travail « éducation nutrition » a été créé, avec l’objectif de diminuer sur trois ans les risques de déséquilibres alimentaires chez les familles résidant sur les quartiers Nord.

Réunissant d’abord des partenaires professionnels (centre social, collège, …), le groupe s’est étoffé au fil des années et compte aujourd’hui une trentaine de partenaires associatifs, institutionnels ou habitants.

Ciné ma santé est une des premières actions développées par le groupe de travail « éducation nutrition » et est devenue son action phare. Les professionnels ont souhaité construire un événement fédérateur pour « faire quelque chose ensemble. Ciné ma santé met en évidence une énergie et la volonté des partenaires de travailler sur la nutrition », explique la coordonnatrice ASV.

Ciné ma santé est un événement annuel, reconduit depuis huit ans, ouvert à tous, autour de l’équilibre alimentaire et de l’activité physique. Sur une demi-journée, pensée comme un temps festif et convivial, différentes activités sont proposées : projection d’un film et débat, théâtre forum, repas, animations sportives à destination des scolaires. Les activités évoluent selon les années et en fonction des partenaires souhaitant s’impliquer. L’action se déroule généralement en dehors du périmètre des quartiers prioritaires, dans un lieu « neutre » afin de favoriser une mixité entre plusieurs quartiers.

Chaque année, l’événement réunit en moyenne 200 personnes et mobilise deux écoles (soit environ 90 enfants). En 2016, deux temps forts ont été organisés : une première soirée, autour de la confection d’une robe en fruits et légumes, la projection d’extraits du film « Demain » et un apéritif diététique, a réuni 150 personnes ; une demi-journée d’activités, suivie d’un repas, a réuni plus de 250 personnes et une centaine d’élèves.

Ciné ma santé a cinq objectifs opérationnels :

  • favoriser la prise de conscience du plaisir de manger en travaillant sur le goût, les saveurs, le partage,
  • donner les moyens de s’approprier des notions d’équilibre alimentaire,
  • contribuer à favoriser le plaisir de pratiquer une activité physique,
  • favoriser l’implication des habitants dans la conception, la réalisation et l’évaluation du projet,
  • donner les moyens de s’approprier les notions de rythme de vie.

Depuis 2014, un objectif a été ajouté : « donner les moyens aux habitants d’une consommation avisée et responsable ».

Organisée par le groupe de travail, l’action est pilotée par trois acteurs :

  • Toulouse Aviron Sport & Loisirs (TASL), en tant que porteur administratif et financier du projet. Club sportif, TASL est un acteur éducatif du territoire, qui développe un projet pédagogique autour de la santé,
  • l’ASV, en tant que coordinateur,
  • le Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique de Midi-Pyrénées (RéPPOP), en tant que garant des messages nutritionnels diffusés.

Au fil des éditions, le projet a pris de l’ampleur, réunissant de plus en en plus de partenaires, proposant de nouvelles activités et intégrant des habitants dans la conception et l’organisation de l’événement.

L’implication progressive d’habitants dans l’organisation de Ciné ma santé

Une vingtaine d’habitants participent à l’organisation de l’événement. Depuis 2013, sept intégré le groupe de travail « éducation nutrition ». Leur participation a été facilitée par l’intermédiaire d’une association de quartier : suite à un atelier pour la préparation du repas de l’édition 2012 de Ciné ma santé à la cuisine centrale des écoles de Toulouse, certaines habitantes, accompagnées par l’association Si T libre*, sont venues à la réunion d’évaluation de l’action, puis ont intégré le groupe de travail.

L’association a eu un rôle d’interface et d’accompagnement des habitants vers l’action et vers le groupe de travail. Du côté du groupe de travail, les professionnels et associations présentes, dont Si T Libre, ont été soucieux d’entendre la parole des habitantes afin que Ciné ma santé puisse répondre à leurs besoins et s’adaptent à leurs envies. La prise de parole des habitants au sein du groupe a été progressive, sans rencontrer de heurts.

Année après année, des habitants ont participé à de plus en plus de pans de l’organisation du projet, jusqu’à figurer parmi les partenaires réguliers de l’ASV, comme le montre le schéma ci-dessous, présenté par les habitants lors des Rencontres de l’Institut Renaudot en 2014.

Source : présentation de Ciné ma santé par des habitantes et des professionnelles du groupe Nutrition de l’ASV des quartiers Nord de Toulouse (novembre 2014)

Les habitants membres du groupe de travail ne sont plus seulement dans une position de « bénéficiaires » du projet, mais ils en sont acteurs, au même titre qu’un partenaire institutionnel ou associatif : ils apportent leurs compétences et leur aide dans la conception de l’événement, dans son organisation, sa réalisation et son évaluation.

On peut distinguer deux formes d’implication : la participation au groupe de travail ou la participation à l’organisation le jour J. En 2016, sept habitants ont participé régulièrement au groupe de travail ; une quarantaine a apporté son aide le jour J.

Les trois acteurs pilotes (ASV, TALS et RéPPOP) partagent une information la plus complète possible avec le groupe de travail. Par exemple, les éléments financiers sont discutés dans le groupe de travail. Cette transparence est nécessaire pour permettre aux membres du groupe de délibérer les décisions et influer sur les orientations.

Les rôles sont également partagés. Les habitants sont en charge de certains volets de l’organisation, comme la conception de l’affiche, les contacts avec la cuisine centrale, mais aussi la présentation de l’action auprès de partenaires, notamment les centres sociaux.

L’intégration d’habitants dans le groupe de travail nourrit les réflexions, apporte un autre point de vue : cela a été l’occasion, en 2013, de redéfinir collectivement les objectifs de l’action. En effet, après avoir soulevé des questions relatives à l’accessibilité, notamment financière, d’une alimentation saine et équilibrée, un objectif opérationnel a été ajouté : « donner les moyens aux habitants d’une consommation avisée et responsable ». L’implication d’habitants dans le groupe de travail a donc eu un impact sur l’orientation du projet, au-delà de leur rôle ressource pour l’organisation. Les réponses opérationnelles à l’enjeu d’accessibilité financière restent difficiles à trouver. Ciné ma santé a commencé à y travailler à travers l’angle de la sensibilisation à l’écologie ou des modes de production plus durables. En 2015, une exposition a été organisée autour de l’ouvrage « Une seule terre pour nourrir les hommes », qui a amené à la création de jardins en bac ; en 2016, des extraits du film Demain ont été projetés, suivis d’un débat.

Ciné ma santé a aussi un rôle d’impulseur d’actions santé : des associations de quartier se sont saisies des notions d’équilibre alimentaire ou d’alimentation saine pour développer de nouveaux projets intégrant l’enjeu d’accessibilité (par exemple, des découvertes des producteurs locaux ou des ateliers cuisine).

Un événement créateur de lien social et favorisant l’estime de soi

Les changements de comportements relatifs à la nutrition dus à Ciné ma santé n’ont pas été évalués. En revanche, des évaluations auprès du public ont montré des retours positifs, notamment mettant l’accent sur la convivialité de l’événement et sa capacité à créer du lien social.

Parmi les personnes impliquées dans l’organisation et membres du groupe de travail, des changements sont observés, principalement une amélioration de l’estime de soi et une rupture de l’isolement. Par exemple, l’une des habitantes explique l’effet de sa participation au groupe de travail : « Au début, je suis venue avec Si T Libre, mais je ne parlais pas. Petit à petit, j’ai plus participé. Aujourd’hui, je donne mon avis à Ciné ma santé, je suis membre du conseil d’administration de Si T Libre et j’organise une fête de quartier ». Cela témoigne, d’une part, que l’implication et la prise de parole dans un groupe demande du temps et d’autre part, que cela peut engendrer des prises d’initiatives au-delà du projet initial. Une évaluation menée par l’ASV auprès des habitantes membres du groupe de travail a souligné que cette implication renforce leur confiance en soi et leur prise d’initiative.

Le projet a démontré sa capacité à « transformer le social et les individus », d’après Jean-Paul Génolini, psychosociologue et maître de conférences à l’Université Toulouse III, qui a suivi Ciné ma santé pendant plusieurs années dans le cadre d’une recherche.

L’observation de Ciné ma santé par une recherche interventionnelle et sa « modélisation »

L’ASV et certains membres du groupe de travail « éducation nutrition » ont participé au programme de recherche interventionnelle « Apprendre et agir pour réduire les inégalités sociales de santé » (AAPRISS), entre 2011 et 2015.

Ce programme, piloté par le laboratoire de recherche Iferiss (Institut fédératif d’études et de recherches interdisciplinaires santé société) visait à mettre en œuvre des évaluations d’impact sur l’équité en matière de santé, à travers cinq projets de prévention du cancer axés sur la nutrition menés dans le département Midi-Pyrénées, dont Ciné ma santé. AAPRISS avait pour objectifs d’analyser l’impact des interventions sur les inégalités sociales de santé (ISS), de définir des réorientations pour une meilleure prise en compte de ces ISS et d’évaluer leur mise en œuvre.

Un groupe de travail AAPRISS-ASV a réuni les porteurs de Ciné ma santé (coordonnatrice ASV, chargé de projet de TASL et médecin du RéPPOP), trois habitantes (en fin de projet), un chercheur en psychologie sociale, un sociologue-politiste, un épidémiologiste, une doctorante en santé publique et un salarié de l’Ireps Midi-Pyrénées.

Grâce à une observation participante aux réunions de préparation de Ciné ma santé, les chercheurs ont proposé des réorientations afin d’améliorer l’intervention et son impact sur les ISS. Ainsi, les échanges entre chercheurs et acteurs de terrain ont abouti à quelques modifications : le groupe de travail « éducation nutrition » a renforcé l’implication d’habitants à tous les stades du projet, structuré les partenariats (notamment par la rédaction d’une charte des valeurs partagées entre les membres du groupe de travail), communiqué davantage sur l’action pour garantir sa pérennisation. Pour le sociologue en charge de l’observation, « cela atteste d’une montée en puissance du dispositif ».

Source :  Dessin issu de la présentation « Quand les acteurs de terrain et les chercheurs travaillent ensemble », par Mélanie Villeval et Elisabeth Pons (Congrès de la Société française de santé publique, novembre 2015)

Ciné ma santé, un projet transférable ?

La recherche AAPRISS s’est également attachée à définir les « fonctions-clés » du projet, en vue de sa transférabilité dans d’autres territoires. En observant la mise en œuvre du projet et en décortiquant son organisation et les modalités du partenariat, notamment la participation des habitants, il s’agissait de distinguer l’essence du projet (les fonctions-clés), des formes de l’action et de son contexte. L’hypothèse est que le projet peut être reproduit dans d’autres contextes et sous d’autres formes à condition de respecter les fonctions-clés**. On y relève notamment que la participation des habitants à toutes les étapes est une dimension importante dans la réussite du projet.

L’ASV tente de reproduire Ciné ma santé sur le quartier Empalot, mais ne rencontre pas la même dynamique. Les activités proposées par les partenaires s’additionnent, mais ne semblent pas former un projet commun comme dans les quartiers Nord, selon l’analyse de la coordonnatrice ASV.

La connaissance des fonctions-clé ne serait donc pas suffisante pour reproduire un projet. Le contexte a un rôle fondamental dans la capacité ou non à transférer une intervention. Ciné ma santé est une action très ancrée localement, notamment parce qu’elle a été créée et développée en fonction des besoins exprimés par les habitants. La recherche AAPRISS a aussi souligné l’importance de la dynamique partenariale. Du fait de l’histoire du quartier, du réseau d’acteurs présents, du cadre dans lequel démarre un projet, la dynamique n’est pas la même d’un territoire à l’autre.

Source : Schéma de présentation de Ciné ma santé, réalisé dans le cadre de la recherche AAPRISS

* L’association Si T Libre anime des actions sociales et culturelles, auprès des habitants du quartier Bourbaki (relais administratifs, soutien à la parentalité, ateliers d’écriture, accueil de loisirs pour les enfants, fêtes de quartiers, …). 

** Mélanie Villeval, Elsa Bidault, Jeannie Shoveller, François Alias, Jean-Charles Basson, Catherine Frasse, Jean-Paul Génolini, Elisabeth Pons, Damien Verbiguié, Pascale Grosclaude, Thierry Lang. « Enabling the Transferability of Complex Interventions: Exploring the Combination of an Intervention’s Key Functions and Implementation ». International Journal of Public Health, 11 avril 2016, 18

 

Résultats

* Renouvellement de Ciné ma santé depuis 2009, avec de nouvelles actions proposées tous les ans (environ 200 participants et deux écoles mobilisées/an) 
* Groupe de travail réunissant en moyenne 30 partenaires, dont ? d’habitants impliqués
* Co-construction de l’événement entre professionnels, acteurs associatifs et habitants
* Partenariats multiples entre professionnels, associatifs et bénévoles (multiplication des projets entre les acteurs qui ont appris à travailler ensemble)
* Confiance entre les partenaires et les habitantes impliquées
* Participation à la recherche-action AAPRISS : changement de regard des chercheurs sur l’action locale et prise de recul des praticiens sur leur méthode de travail
* Deux participations aux Rencontres de l’Institut Renaudot (en 2014 et 2016)

 

Perspectives

* L’événement se renouvelle tous les ans en fonction des volontés des partenaires et habitants impliqués. 
* Un nouveau projet de recherche REFLEXISS prolonge le programme AAPRISS jusqu’en mai 2017 : il vise à analyser la notion d’« expertise d’usage » en associant des chercheurs, des professionnels de santé publique et des habitants des quartiers prioritaires. La coordonnatrice ASV des quartiers Nord de Toulouse et deux habitantes impliquées dans Ciné ma santé participent au comité de pilotage de ce projet de recherche. 

 

Bonnes pratiques

* Favoriser la participation des habitants à toutes les étapes du projet (planification, conception, mise en œuvre, évaluation)
* Formaliser un cadre de valeurs partagées au sein du groupe de travail
* Établir un mode de coordination fondé sur le consensus, la co-construction, le partage du pouvoir et l’absence de relations hiérarchiques
* Respecter les temporalités des différents acteurs, notamment des habitants (leur implication s’inscrit dans le temps et est progressive)
* Tenir compte de la parole des habitants dans l’évaluation et la réorientation, si besoin, de l’action
* Apporter des connaissances sur la nutrition à travers des activités ludiques
* Choisir des activités basées sur le plaisir afin d’encourager l’expérience (goût des aliments, activité physique)
* Choisir des activités favorisant le dialogue et la collaboration

 

Ressources générales

* Culture & Santé asbl, « L’alimentation au cœur des actions de promotion de la santé », in Focus santé n°3, avril 2014 (téléchargeable en ligne)

 

Ressources sur Ciné ma santé

* Film de présentation (2014)
* Article paru dans La santé en action n°425, septembre 2013 (téléchargeable en ligne)
* Présentation du projet aux Rencontres de l’Institut Renaudot (2014)
* Mélanie Villeval, Elsa Bidault, Jeannie Shoveller, François Alias, Jean-Charles Basson, Catherine Frasse, Jean-Paul Génolini, Elisabeth Pons, Damien Verbiguié, Pascale Grosclaude, Thierry Lang, « Enabling the Transferability of Complex Interventions: Exploring the Combination of an Intervention’s Key Functions and Implementation », International Journal of Public Health, 11 avril 2016, 18

 

Contact

Elisabeth Pons, coordonnatrice Atelier santé ville (quartiers Nord et Empalot)

elisabeth.pons@mairie-toulouse.fr

05 61 22 31 15

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Récit rédigé, en octobre 2016, par la PnrASV, suite à des échanges avec Elisabeth Pons, coordonnatrice ASV, et à la participation au Ciné ma santé du 30 septembre 2016 au Jardin du Muséum Borderouge (rencontrés à cette occasion : Dr Catherine Frasse, coordonnatrice de projet Quartiers Nord du Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique de Midi-Pyrénées, Damien Verbiguie, chef du projet éducatif de Toulouse Aviron Sport & Loisirs, Corinne Fleury, éducatrice de jeunes enfants du RéPPoP, Françoise Salvador, Direction des services départementaux de l’Éducation nationale, Irène Hipolito Santos, association École citoyenne, et les habitantes Fatima Mamassi, Lucette Pigozzo et Geneviève Pujols)

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