Par l’Atelier santé ville d’Aubervilliers

Repères

Statut du projet : achevé (programme lancé en 2005, évalué en 2012)

Échelle : quartiers de la politique de la ville

Thématique traitée : périnatalité

Public visé : femmes enceintes, parents et leurs enfants jusqu’à 3 ans

Partenaires opérationnels : service social municipal, service municipal Petite enfance, Protection maternelle et infantile (PMI), un centre de loisirs maternel, une école maternelle, Centre municipal de santé, Centre médico-psycho-pédagogique (CMPP), association Solidarité Emploi Aubervilliers, CAF, Sessad (Service d’éducation et de soins spécialisées à domicile)

Partenaires financiers : Acsé (Projet réussite éducative), Groupement régional de santé publique (GRSP) Île-de-France, Conseil départemental, ville, Caisse des écoles

Moyens affectés (ressources humaines) : 1 ETP puéricultrice, 0,5 ETP psychologue, 0,3 ETP médecin coordinateur (médecin de santé publique-psychiatre)

Contexte

Un groupe de travail Santé mentale animé par l’ASV avait soulevé les difficultés rencontrées par le secteur social de prise en charge de symptômes de santé mentale qui ne relèvent pas nécessairement du champ de la psychiatrie. En parallèle, le ministère de la Santé souhaitait, au début des années 2000, développer une expérimentation sur la prévention précoce, puisque des travaux de recherche montraient le lien entre la précarité sociale des parents, l’environnement et l’état de santé des parents : le territoire d’Aubervilliers et la dynamique impulsée par l’ASV sont apparus comme une opportunité.

Objectifs

> Promouvoir les conditions psychosociales favorisant le développement psychologique, affectif, cognitif et social des jeunes enfants exposés aux inégalités sociales et à la précarité

> Mobiliser les partenaires autour d’une approche communautaire de la santé

Description de l’action

À partir de 2002, les partenaires de l’ASV ont réalisé un diagnostic partagé « en marchant » (inventaire des ressources locales et mise en place d’un réseau des partenaires) et une revue de littérature internationale, avec le soutien technique de la Fondation de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN) pour la santé publique. Suite à ce temps d’analyse préliminaire, la construction du programme s’est appuyée sur des programmes évalués et validés scientifiquement (Prenatal and early childhood nurse home visitation program aux États-Unis et Starting well à Glasgow) pour conforter les bases éthiques, conceptuelles, méthodologiques et opérationnelles du projet, et sur l’expérience des acteurs locaux (PMI, CMPP, service social).

Trois axes d’intervention ont été retenus :

  • Des visites à domicile proposées systématiquement aux parents du territoire cible à partir du dernier trimestre de grossesse ;
  • Des accueils parents-enfants et d’autres activités collectives ;
  • Des activités de formation et d’échange inter-partenarial pour les professionnels du quartier.

Le projet articule un ensemble d’actions axées sur une approche de santé communautaire : il mise sur la mobilisation de partenaires et la participation active des familles concernées. Ces familles sont volontaires et ciblées selon leur adresse : le ciblage territorial a été préféré à un ciblage individuel pour faciliter des actions sur le soutien social et réduire le risque de stigmatisation.

Les visites à domicile sont menées par une infirmière et/ou une psychologue. Le but est de faciliter et/ou renforcer les comportements positifs pour la santé durant la grossesse et les premières années de l’enfant en insistant sur quatre éléments : les soins adaptés à l’enfant (nutrition, prévention des accidents domestiques, …), le développement personnel de la mère (planification familiale, retour aux études ou au travail, …), des liens familiaux solides et des appuis au niveau social, le lien avec les ressources locales (PMI, services de santé, organismes sociaux).

Un travail sur l’attitude professionnelle à adopter lors des visites a été mené en amont par des puéricultrices de PMI ayant une expérience importante de ce type d’intervention, des médecins de PMI et du Centre municipal de santé. Cela a abouti à un protocole insistant sur les aspects éthiques de ces visites (présentation globale du programme, secret professionnel, relecture des dossiers de visites avec les parents). Lors des visites, les professionnels aident les parents à se donner des objectifs réalistes autour de petits changements réalisables qui, une fois accomplis, augmentent le réservoir des parents en expériences réussies. Ces succès vont, par la suite, renforcer la confiance des jeunes parents et les aider à se fixer de plus grands défis (selon la théorie de l’auto-efficacité).

En parallèle, des actions collectives sont organisées pour favoriser l’insertion sociale et l’autonomie des parents (accueil parents-enfants, ateliers sociolinguistiques, ateliers de socialisation).

Enfin, des journées de formation permettent de consolider le réseau de partenaires et co-construire le programme.

Résultats

> Sur 712 familles contactées, 506 ont bénéficié d’au moins une première visite à domicile (soit 71,1%), 237 familles ont été suivies.

> L’accompagnement des familles a été respectueux des identités et des rôles parentaux, grâce à la place accordée aux parents (expression de leurs besoins et de leurs façons de voir et de faire).

> L’isolement social des mères, en particulier les migrantes, s’est réduit.

> Le bien-être des familles s’est amélioré, ce qui favorise le bien-être psychique des jeunes enfants.

Source : Synthèse du rapport d’évaluation du programme de promotion du bien-être psychique du jeune enfant à Aubervilliers

Perspectives

> Depuis l’évaluation menée en 2012, le projet a évolué vers un Programme Petite Enfance et se poursuit sur les deux secteurs prioritaires ciblés. Les actions se sont renforcées ou ajustées : des médiatrices chinoise et tamoule participent aux visites à domicile, des liens ont été créés avec de nouvelles structures, dont la maternité privée et le centre municipal de santé.

Facteurs de réussite / Conseils pour reproduire ce projet

> Un programme axé sur la promotion de la santé et le bien-être, et non sur le dépistage et le traitement de pathologies (promotion du  bien-être plutôt que prévention des troubles)

> Un travail sur le lien entre les conditions d’exercice de la parentalité et les problématiques de précarité : par exemple, aides apportées sur des problèmes de logement

> Un ciblage d’un territoire géographique, et non individuel : cela favorise le travail inter-partenarial, diminue le risque de stigmatisation, facilite la mise en place d’actions visant à renforcer le soutien social et l’empowerment collectif

> Une participation active des parents privilégiée, en particulier dans les visites à domicile. Cela permet une adaptation rapide du programme aux besoins exprimés, d’une part par les parents, d’autre part par les professionnels.

> Un rôle central de l’atelier sociolinguistique comme espace de socialisation et d’apprentissage

> Un portage politique fort par la ville

Aller plus loin

> Récit d’expérience (publié par la PnrASV en avril 2016)

> Rapport d’évaluation du programme et synthèse

> INPES, Promouvoir la santé dès la petite enfance. Accompagner la parentalité, 2014

Contact référent

Colette Péjoux

Responsable du Programme Petite Enfance

Ville d’Aubervilliers

 

colette.pejoux@mairie-aubervilliers.fr

01 48 39 53 82

 

 

Complété le 19.04.2016